»[178] Cette canonisation du texte « est la reconnaissance par une communauté de l'autorité sacrée d'un texte fixé. La première étape est celle de la constitution du corpus, déjà évoquée dans cet article. Or, il constate dans la sourate 5 une opposition entre les versets centraux tolérants et ouverts, et les versets périphériques, plus sévères et polémiques[422]. Pour interpréter le lexique spécialisé du Coran, c'est donc davantage vers les antécédents préislamiques que les chercheurs doivent se pencher que vers les commentaires coraniques. Pourtant, une pensée critique se développe chez des penseurs musulmans (Khalafallâh, Azaiez, Arkoun...). Ces textes sont à rapprocher des textes d’instruction. En effet, en citant le Coran, l'imam est censé citer une parole venue de Dieu : il n'est alors plus acteur utilisant sa voix mais instrument de la parole divine. De même, il s'interroge sur l'articulation des résultats de la méthode historico-critique (école hypercritique), qui date précisément la composition du Coran du IIe siècle, avec ceux de l'analyse rhétorique[465]. Des chercheurs invitent à la prudence concernant l'interprétation des résultats de la datation carbone des manuscrits anciens[392]. Gabriel Said Reynolds, «Le problème de la chronologie du Coran ». Même si aucun consensus n'est encore atteint, plusieurs études récentes ont permis de renouveler cette interprétation. Ainsi, Mohyddin Yahia note que cette approche critique « n'a toutefois nullement évincé l'enseignement du tafsîr traditionnel et le prestige qui auréole encore, pour un large public, les grands commentaires classiques »[194]. Au Ier siècle av. En effet, un peu plus loin, il pose la question des variations textuelles : « Comment traiter la complexité des plus anciens manuscrits du Coran dont les variations textuelles sont nombreuses, loin de l'édition coranique du Caire[362] ? Pour Qatâda, ce défi concerne la vérité du texte coranique tandis que pour Tabari, celui-ci concerne le style, les thèmes du Coran étant pour lui inimitables par essence[73]. Rosenthal a déduit que les désaccords sur l'importance du terme parmi les exégètes laissaient entendre que le mot avait une origine étrangère. Oui, mais lequel ? Cette question des signes diacritiques est encore discutée par les théologiens musulmans vers l'an 1000[320]. L'islam est indéniablement né dans un monde marqué par le christianisme syriaque, ses débats, ses idées...[278] Ainsi, des écrits des Pères de l'Église syriaque ont pu servir de sources aux épisodes bibliques du Coran[276]. Pour A.-L. de Prémare, cette version connaît des contradictions entre les récits. Le premier qualifié de gréco-romain considère le monde au centre de l'univers composé de plusieurs cieux. Pour autant, il ne peut encore désigner le livre comme un ensemble fixé comme cela sera le cas par la suite[3],[Note 1]. Pour l'auteur, le terme récitateur (qurra) est une incompréhension d'ahl al-qurā, ce qui signifie « villageois »[131]. E. Pisani, commentant les travaux de Michel Cuypers, s'interroge sur une possible influence substantielle d'une « source » sémitique sur l'élaboration du Coran dont la rhétorique sémitique aurait été inconnue des Arabes[465],[Note 103]. Le statut du Coran comme Parole Divine donné par les musulmans au Coran, "nie l'idée même qu'il ait un contexte historique, car cela implique que le texte est d'une validité éternelle et immuable". Nöldeke, Bell, Blachère et d'autres s'en inspirèrent par la suite. Voir plus d'idées sur le thème doua islam, apprendre l islam, coran. La différence avec la version officielle n'est pas encore totalement tranchée[Note 87]. Ces hétérogénéités de style se retrouve tant au niveau des sourates qu'à l'intérieur de celles-ci[Note 9],[47].La question des genres littéraires a particulièrement été étudiée par Alfred de Prémare[48], qui voit le Coran comme un corpus d’écritures hétérogènes, et Karim Samji[49],[47]. Selon cette hypothèse, il daterait de 695-696[352]. ». « À diverses époques dans toutes les parties du monde musulman », le Coran s'est vu attribuer une action efficace. Pour Gilliot, « Le recours à la soi-disant « inimitabilité » linguistique ou thématique du Coran ne vaut que pour qui adhère à ce theologumenon. Un classement chronologique des sourates a été théorisé par les traditionalistes, sur des principes qui remonteraient à Ibn Abbas (mort en 688)[19]. L'auteur cite comme exemple la thèse de Wansbrough[Note 58] ou de Lülling[259],[Note 59]... Les études cherchant à extraire des données sur le contexte à partir du texte coranique ne sont plus populaires, ce que regrette Munt "car bien qu'il ne s'agisse certainement pas d'une "histoire locale'' arabe (laissons seul le Hijaz), le Coran est une source extrêmement rare dont une grande partie est de plus en plus acceptée par les savants modernes comme ayant au moins ses origines dans le Ḥijāz de la première moitié du septième siècle" [260]. Le Dictionnaire du Coran fait un point complet sur les apports de la recherche scientifique[192]. M. Cuypers, quant à lui, rapproche cette sourate avec les deux textes juifs, le Livre de la Sagesse ou le Testaments des douze patriarches. Catholiques et chrétiens La position d'Al-Suyūtī concilie deux points de vue : d'une part le Coran contient des mots à racine d'origine étrangère, mais d'autre part, ces mots ayant été intégrés à la langue arabe, ils sont arabes[413].Selon Catherine Pennachio, la reprise des termes n’est pas un simple transfert, ni forcément une influence subie. L'idée de magie est déjà dans le Coran et des références coraniques servirent à la légitimation des traités de magie[94]. Un autre terme, ‘araḍa, rend ambigus les récits sur la compilation du Coran qui désigne à la fois l'enseignement par la mémoire mais possède aussi un sens de collation du texte écrit[121]. Ainsi, dans l'Empire Ottoman, l'impression est interdite par les sultans Bayazid II et Selim Ier. Ainsi, le Coran s'est défini comme. Toutefois cette interprétation ne se base que sur la sourate 5, seule grande sourate qu'il a pu étudier à ce jour. La première inscription en arabe et en écriture arabe provient du wadi Ramm et semble dater de 300 ap. De plus, les plus anciens théologiens ont été les premiers à avoir trouvé que certains mots ont une origine étrangère, comme Al Safii (m. 820) qui insista sur la langue arabe du Coran, stipulée par le texte lui-même. Weil [Gustav Weil, , Bielefeld, Velhagen & Klasing, 1844. L'absence des voyelles brèves et de certaines voyelles longues, des diacritiques de consonne rend le texte ambigu. À partir de l'époque Ommeyade, un courant de standardisation et de grammatisation de la langue arabe s’observe dans un contexte politique de tentative de consolidation du pouvoir en place[405]. » Pour l'auteur, « l’histoire de la vulgate coranique est donc à reconsidérer sur une plus longue durée. C'est ce qu'exprime son nom lui-même, puisque le mot Qur 'ân, d'origine syriaque (qeryânâ), désigne, dans cette Église, le texte destiné à la lecture liturgique »[87]. Stroumsa évoque l'Arabie de la fin du VIe siècle comme une "plaque tournante du Proche-Orient, entre l’ empire des Sassanides et celui des Byzantins, sans oublier le royaume chrétien d’ Axoum"[266]. Le texte fait l'objet de transformation aussi bien dans la forme (répétition, calligraphie...) que dans le sens (usage d'une sourate liée à la pluie pour contrer des pertes sanguines, association de sourates)[92]. Cette interprétation fondamentaliste « peut être classée comme proche de l’exégèse traditionnelle », par le refus des sciences historiques et l'acceptation des traditions prophétiques mais innove dans la volonté de mener une exégèse thématique et dans l'approche politique[103]. 6266 versets dans la version Hafs, utilisée en Egypte et dans la péninsule arabe. Pour certains exégètes musulmans minoritaires, par exemple, la sourate 102 est médinoise. Arthur Jeffery, en 1938, effectue en une synthèse des travaux des savants musulmans (principalement Al-Ǧawālīqī, m1145 et Al Suyuti) et des islamologues (en particulier A. Geiger, Rudolf Dvorak, T. Nöldeke) et établit une liste de 275 mots d’origine étrangère dans le Coran[414]. « Chapitre IV - La transmission du texte », Le Coran. Fr. Sabrina Mervin fait remarquer que les résultats obtenus par Weil et ses successeurs ne sont "curieusement pas très éloignés de ceux de la tradition islamique"[28]. JÉSUS OU MOHAMED ? Pour certains auteurs musulmans des premiers siècles de l'islam, principalement alides, le Coran a été falsifié par le pouvoir des premiers califes[150]. Aldo Stérone Griffith souligne que ces communautés appartenaient aux courants dominants au Moyen-Orient de cette Antiquité tardive (melkites, jacobites et nestoriens...). ), Reynolds, G. Jusqu'au VIIIe siècle, cette science des lectures pouvait aller jusqu'à corriger le rasm pour le faire coller à l'« usage de l'arabe »[106]. Chez Boukhari, la collecte est présentée de manière ininterrompue sous l'autorité des trois premiers califes rachidun, compagnons de Mahomet[175]. cf : Viviane Liati, Sa méthode de travail consiste à expliquer par l’araméen ou le syriaque le sens de passages difficiles ou selon lui mal compris. Guerres civiles, répressions violentes, massacres sont bien attestés jusqu'aux abbassides[147]. Cette approche permet de ne pas voir le Coran comme un "pâle reflet" de source dont il dériverait sans reconnaître son originalité dans l'emploi des figures, récits et concepts bibliques et orientaux[250],[Note 53],[Note 54]. Pierre Larcher. « Chapitre IV - La transmission du texte », François Déroche éd.. G. Dye, "Pourquoi et comment se fait un texte canonique : quelques réflexions sur l'histoire du Coran", in G. Dye, A. », « le Coran pourrait bien s’avérer un représentant éminent de cet art de dire et d’écrire, typiquement sémitique », « Pour chacun de vous nous avons fait une voie et un chemin, et si Dieu avait voulu, il vous aurait fait une communauté unique. En la rubrique « Comprendre le Coran » nous avons consacré une série darticles à notre méthodologie dAnalyse Littérale du Coran. Gilliot, "Origines et fixation du texte coranique". »[5]. L'analyse des manuscrits de Sana'a par ultraviolets a mis au jour un texte sous le texte actuel sur le manuscrit 01-27.1. Pierre le Vénérable, célèbre polémiste, rédige ensuite des traités dans la même optique réfutant les doctrines israélites et musulmanes[479]. Celui de la période médinoise est plus mesuré. Ces points diacritiques et vocalisations permettent au monde de la recherche de réinterroger la compréhension classique de certains termes. C'est par cette phrase que nous sommes informés, comme incidemment, de l'existence d'autres écrits[106],[Note 32]. », « pour finir c'est donc incontestablement le rationaliste Abu Muslim Ibn Bahr qui a le mieux saisi la question de l'abrogation des Écritures antérieures par le Coran puisque, selon lui, ce n'est pas la totalité de la Bible qui est ainsi abrogée, mais quelques passages bien précis, « à tout point conforme au Coran tel qu'il fut « dicté » par l', « la tradition musulmane s’est attachée à conserver le souvenir des conditions de mise par écrit, mais les récits qu’elle nous propose soulèvent de nombreuses questions », « Les savants occidentaux ont dans un premier temps traité ces données comme s’il s’agissait de récits historiques, mais cette attitude a fait place à des positions extrêmement critiques dès la fin du, « il n’est pas totalement certain que le récit d’al-Zuhrī ne soit pas le résultat sinon d’une falsification totale, du moins d’une réécriture de l’histoire », « Les inquiétudes que la Tradition attribue à Umar paraissent du coup, moins fondées », « la mise par écrit de ce corpus de récits relatifs à Muḥammad et aux premiers temps de l’islam a pris place dans le courant du, « Lorsque l’on analyse les points de vue traditionnels, on y distingue une volonté collective tenace, dont nous pouvons observer le cheminement de ‘Uthmān à al-Bukhārī, en faveur d’une simplification de la situation en ce qui concerne le Coran, ou pour être plus précis, en faveur d’un texte légitimement unique », « perdu de vue le caractère très défectif de l’écriture de ces manuscrits », « qui, de fait, avaient apporté une solution aux nombreux points défectueux », « La nature de l’intervention du calife ‘Uthmān serait donc différente de celle que la tradition lui attribue. menaces eschatologiques et les rappels apologétiques constituent l’essentiel »[30] des 6 236 versets du Coran. La période mecquoise antérieure à l'Hégire doit néanmoins être considérée comme le début de la prophétie[17]. Ceux-ci se trouvent dans le Coran et sont, souvent, introduits par « Ô vous qui croyez »[47]. Selon Gabriel Said Reynolds, l'idée d'une chronologie du Coran peut être une manière "plausible" de lire le Coran, « l’idée de cette chronologie est loin d’être un fait bien établi. La première traduction du Coran en latin, faite au XIIèmesiècle en Espagne, présente en effet un autre découpage du texte en 124 sourates. Cette édition est connue par un seul exemplaire[Note 107],[492].